La Chronique de Marie n°24 : SHARON JONES

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Pourquoi parler de SHARON JONES aujourd'hui ? Et bien parce que

Daptone Records, le label attitré de cette diva de la Soul,  a eu la bonne

idée de sortir fin octobre un nouvel album, ou plus exactement une

compilation de reprises, pour la plupart inédites : de grands standards

de la Soul qu'elle a pu enregistrer durant sa carrière. C'est l'occasion

pour nous de redécouvrir cette artiste à l'histoire pour le moins atypique.

SHARON JONES est née en 1956 à Augusta, la ville natale de James

Brown. Elle a commencé à chanter très jeune à l'église et son talent l'a

rapidement amené à participer à  plusieurs groupes de gospel et de Soul

restés pour la plupart confidentiels dans les années 70. Elle est apparue

aussi, pendant quelques tournées, en tant que choriste avec des grands

noms de la soul, dont les FOUR TOPS, THE DRIFTERS, et MACEO

PARKER. Mais ne pouvant pas vivre de sa musique, elle a aussi été

gardienne de prison et convoyeuse de fonds. Dans les années 80, elle

continuait à chanter pour le plaisir dans les bals, mais sa carrière

paraissait déjà derrière elle. Un directeur artistique de Sony lui a même

dit : « T’es trop grosse, trop petite, trop noire et trop vieille. »

Jusqu’au jour où, en 1996, un homme du nom de Gabriel Roth

lui fait passer un casting parce qu’il cherche trois choristes pour

son groupe "THE SOUL PROVIDERS". Et Sharon lui dit : "vire les

deux autres. Je te jure que vais pouvoir tout faire".

Elle enregistre alors plusieurs 45 tours sur le label de Gabriel Roth,

DESCO RECORDS, qui connaissent instantanément un grand succès

dans tous les clubs de la scène funk à travers le monde. Son premier

disque s'appelle "Damn It's hot" et c'est une grosse tuerie !

Quand Sharon Jones fait sa première tournée internationale avec

le groupe THE SOUL PROVIDERS en mai 1999, elle est surprise de

voir les salles bondées à chaque concert. A Londres, ses fans l'avaient

même surnommée « THE QUEEN OF FUNK ».

Après l'arrêt de DESCO RECORDS en 2000, Gabriel Roth se rapproche

du musicien Neil Sugarman pour créer DAPTONE RECORDS, dont

l'orchestre s'appelle les Dap-Kings. Et bien évidemment, SHARON

JONES sera de la partie et deviendra même la figure de proue de ce

label. A partir de 2002, DAPTONE RECORDS publiera 7 albums de

SHARON JONES, dont le dernier date de 2017. Au cours de cette

période, elle tournera énormément à travers le monde. Sur scène, elle

sera une véritable panthère au tempérament survolté, d'une générosité

sans faille. A Evreux, on se rappellera de son passage sur la scène du

regretté festival Rock dans tous ses états en 2004.  

Atteinte d'un cancer du pancréas en 2013, elle poursuivra néanmoins

ses concerts même si elle regrettait de perdre en énergie et en qualités

scéniques. Une rechute début 2016 l'obligera à annuler sa tournée

prévue pour l'été et elle décèdera le 18 novembre 2016. Son septième

album, enregistré peu avant sa mort, sortira en 2017 sous le nom de

SOUL OF A WOMAN.

Et 4 ans après la disparition de SHARON JONES, le label DAPTONE

RECORDS a décidé de lui rendre hommage en sortant une compilation

de titres pour la plupart inédits. "Just Dropped In To See  What Condition

My Rendition Was In" : c’est le nom de cette compilation de versions

enregistrées du vivant de la chanteuse avec son fidèle groupe The

Dap-Kings. On y trouve la chanson qui en inspire le titre, une reprise du

rockeur Kenny Rogers, mais aussi des classiques de Stevie Wonder,

Janet Jackson, Prince ou encore Al Green. Mais c’est « Rescue Me »

que l'on va écouter : un titre d’abord chanté par Fontella Bass en 1966.